La socialisation : Le travail d’une vie

Nous venons d’accueillir notre nouveau chiot à la maison. Nous voulons le montrer à tout le monde et l’amener partout avec nous. L’éducateur canin nous a bien dit qu’il est important de le socialiser et que les premiers mois de vie seront déterminants. Nous lui présentons des chiens, de nouveaux environnements, des hommes, des femmes, des enfants, des chats, etc. Puis notre chien grandit et nous nous disons que nous avons fait du bon travail. Nous avons un chien équilibré et confiant dans n’importe quelle situation. Nous ne devrions donc pas avoir de problème plus tard, non? C’est important de bien réussir la socialisation du chien, mais surtout, la maintenir!

Combien de temps doit durer cette fameuse socialisation?

Si on se fie aux différentes recherches sur le développement des chiots, on remarque qu’ils font plus facilement des associations et des apprentissages entre 5^e semaine et environ 4 mois. Ces associations peuvent être autant positives que négatives. C’est donc notre responsabilité de s’assurer que ces expériences soient agréables pour le chien pendant cette période. Bien sûr, le chien continue d’apprendre après ses 4 mois. Il sera encore possible changer une association négative par la désensibilisation graduelle et le renforcement positif, mais cela demandera plus de temps que s’il n’a eu que des bonnes expériences.

Pourquoi alors parler du travail d’une vie?

Les 4 premiers mois du chien sont cruciaux pour faire découvrir le monde à Pitou et mettre toutes les chances de notre côté. Toutefois, la socialisation devrait toujours faire partie de nos priorités. Un chiot peut avoir eu une période de socialisation hors pair, mais s’il est coupé du monde extérieur sur de longues périodes, il perdra graduellement ses acquis : sa capacité d’adaptation, ses bonnes manières avec les inconnus, sa douceur avec les enfants et j’en passe.

Voici des exemples de petits gestes au quotidien que nous pouvons faire pour maintenir la socialisation :

• Pendant la marche, passez devant une cour d’école pour que le chien puisse observer les enfants à une distance sécuritaire.
• Vous avez besoin de pain à l’épicerie? L’un peut entrer faire les courses pendant que l’autre se promène dans le stationnement avec Fido. Il verra des voitures, des paniers et toutes sortes de gens.
• Faire de courtes balades en voitures à l’occasion.
• Lorsque vous caressez votre chien, profitez-en pour manipuler les oreilles, les coussinets, la gueule. Cela facilitera grandement les prochaines visites chez le toiletteur ou le vétérinaire.

Imaginez avoir eu un début de vie sans traumatisme, mais que du jour au lendemain, vous passez plusieurs mois voire des années sans sortir de chez vous… Vous seriez sûrement apeuré en sortant à nouveau ou au contraire, beaucoup trop excité à en oublier les règles de bienséance. Même chose pour nos amis canidés. Si toutes ces situations sont habituelles et positives pour le chien, il n’en fera pas un drame à chaque sortie.

La fameuse question du parc à chiens

Comme intervenante en comportement canin, on me demande souvent mon opinion sur les parcs à chien. Est-ce bon ou pas? Personnellement, je n’amène ni mon chiot ni mes chiens adultes au parc à chien pour trois raisons sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle :

• Nous ne savons pas le genre de chien (et de propriétaire…) qui s’y trouvera. Y aurait-il un chien qui fait de la protection de ressource ou de la prédation qui attaquera mon chien et créera un traumatisme à long terme ou qui pourrait le blesser? Impossible de le savoir. N’importe qui peut décider d’aller au parc à chien sans avoir lu les règlements du parc ou s’être référé à un éducateur.
• Nous ne savons pas combien de chiens seront présents. Surtout avec un chiot en pleine période de socialisation, on veut présenter chaque chien un à la fois dans le calme et le renforcement positif. Ce sera loin d’être le cas si une dizaine de chiens se jettent en même temps sur votre chiot pour le sentir dans un coin…
• Finalement, au parc à chien, je ne peux m’assurer que les chiens présents ont tous eu leurs vaccins de base et qu’ils sont en santé. Il serait tellement dommage que votre chiot attrape la toux du chenil et qu’on doive le garder loin des autres chiens pour au moins deux semaines pendant sa période de socialisation…

Vous comprendrez donc que, pour moi, les parcs à chien, c’est à éviter. Je préfère que mon chiot rencontre des chiens en qui j’ai confiance dans un environnement que je peux contrôler au besoin. Vous pouvez aussi vous informer s’il existe des clubs sociaux pour chiot dans votre région. Il s’agit de périodes de jeu dans un local à cet effet où des chiens d’âge semblable peuvent se rencontrer dans un contexte supervisé et sécuritaire.

Comment dois-je présenter mon chien aux nouvelles situations?

Lorsque je sors avec mon chiot, je m’organise toujours pour avoir de la nourriture ou des gâteries avec moi. Personnellement, j’adore les pochettes de la compagnie québécoise Le Chien blanc. Chaque fois que mon chien voit une nouvelle chose ou entre dans un nouvel environnement, je vais le récompenser pour qu’il associe nouveauté et plaisir. Cela vous permet aussi d’évaluer le niveau de stress de votre chien. S’il refuse de manger, il est probablement stressé par la situation. Vous pouvez à ce moment, prendre un peu de distance et revenir graduellement avec des récompenses ou simplement offrir une gâterie plus WOW au chien (comme du fromage ou des petits morceaux de saucisse). Cela s’applique pour les nouveaux bruits, endroits, enfants, etc.

IMPORTANT : Il ne faut jamais chicaner ou punir un chien qui démontre des signes de stress dans un nouveau contexte (et à n’importe quel autre moment d’ailleurs). Vous risquez d’empirer la situation et confirmer à votre chien qu’il avait raison de réagir ainsi, car il lui est effectivement arrivé quelque chose de négatif… Soyez patient et rassurant.  Il ne sert à rien de vouloir aller trop vite. Vous serez gagnant à long terme d’avoir respecté son rythme et vous aurez un chien confiant et calme dans toutes vos aventures!

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Virginie Leblanc
Éducatrice Canine

Virginie est une mordue des chiens et une fille de la rive-sud. Elle a suivi son cours d’éducatrice canine à l’École de formation des intervenants canins du Québec en plus d’avoir suivi la formation en ligne du Dr. Joël Dehasse sur l’anxiété, le stress et la réactivité.

Sa mission : Vous aider à cohabiter en harmonie avec votre chien en enseignant de nouvelles méthodes éducatives basées sur le renforcement positif et les plus récentes recherches sur le comportement canin dans une ambiance de respect et de confiance mutuel. Son but est de permettre à votre chien d’avoir un comportement équilibré et confiant adapté à votre quotidien.

Nous sommes fier de pouvoir compter sur son expertise pour vous aider avec vos grosses bêtes rebelles!