Choisir un chien : pas si simple que chat!

novembre 15, 2021

Vous avez décidé d’adopter un chien. FÉLICITATIONS! Mais maintenant que la décision est prise, par où commencer? Devrais-je avoir un chien adulte, un chiot? Aller chez un éleveur ou un refuge? Un pure-race ou un croisé? Tant de questions! Vous trouverez ici un petit guide de départ pour orienter votre réflexion rationnellement. Après tout, votre chien restera avec vous plusieurs années jusqu’à son décès. Ce n’est pas un choix à faire sur un coup de tête…

*À noter que cet article ne vise pas à vous décourager d’adopter un chien, mais plutôt à vous faire entamer une introspection sur une décision avec laquelle vous devrez vivre pour environ les 12 prochaines années et éviter que plus de chiens se retrouvent encore en refuge.

Suis-je prêt à avoir un chien?

Chaque année au Québec, près de 500 000 chiens sont abandonnés. « Il est trop brusque avec les enfants », « Il est devenu trop gros et coûte très cher à nourrir », « Il n’est pas propre dans la maison et laisse des poils partout», et la liste continue. Beaucoup de ces abandons auraient pu être évité si les adoptants prenaient le temps de choisir un chien selon leur besoin et leur style de vie au lieu de suivre un coup de cœur devant la vitrine d’une animalerie… 

À chaque fois que je rencontre un nouveau client comme intervenante en comportement canin, je pose la question suivante : « Pourquoi avez-vous choisi cette race en particulier? » La réponse est souvent liée au « look » du chien ou au prix intéressant auquel l’éleveur (lire ici usine à chiots) offrait le chien.

Les problèmes pour lesquels je suis le plus souvent appelée sont généralement un comportement parfaitement normal pour la race de chien devant moi découlant de sa génétique. Certaines races de chien ont été reproduites depuis plusieurs générations pour obtenir un chien de travail exécutant certaines tâches précises.

Par exemple, un chien berger regroupera les troupeaux et n’hésitera pas à pincer les jarrets du petit agneau rebelle. Le malamute ou l’husky pourra tirer et courir pendant des kilomètres sans s’épuiser. Le Airedale chassera la vermine de toute taille.

Mais qu’arrive-t-il lorsqu’on prend ce type de chien et qu’on lui impose notre style de vie parfois sédentaire et peu stimulant? C’est souvent là que ces comportements pourtant souhaités pour cette race deviennent problématiques pour l’humain.

Prenez en compte votre budget

Évidemment, un chien vient avec son lot de dépenses, surtout la première année et lorsqu’il sera plus vieux. Vaccination et rappels, vermifuge, stérilisation, nourriture adaptée pour son stade de développement et tous les accessoires. En plus de tout ça, on peut parfois ajouter les cours de maternelle, le toilettage, la pension, le promeneur de chien, des médicaments, une nourriture hypo allergène au besoin et j’en passe. Les coûts varient selon l’âge du chien, sa taille (eh oui, un grand danois mange plus que le chihuahua!), sa condition de santé générale et plusieurs autres imprévus.

L’Association des médecins vétérinaires du Québec (AMVQ) estime le coût annuel d’un chien d’environ 7 kilos à plus ou moins 3000$. Pour un chiot, il faut ajouter le coût de la stérilisation et des premiers examens de santé. Votre chien vous coûtera donc en moyenne autour de 7$ par jour sans compter les imprévus et les besoins particuliers d’un chiot ou d’un chien vieillissant.

Vous pouvez diminuer ce coût en achetant des accessoires de seconde main ou en choisissant un plus petit chien. L’adoption en refuge est aussi un merveilleux moyen de diminuer les frais de départ, car le chien est souvent stérilisé, vacciné et vermifugé avant l’adoption. Ne vous faites pas berner en achetant un chien sur les sites de petites annonces ou d’une usine à chiots. Ces chiens vieillissent souvent en développant des tares génétiques, et donc, par la bande, les frais de vétérinaires ou d’intervenant en comportement canin.

Si toutefois, il est difficilement envisageable pour vous de mettre de côté l’argent nécessaire à la santé et au bien-être de votre chien, vous devriez peut-être revoir votre décision d’adopter et remettre ce projet à plus tard lorsque votre situation financière sera plus stable.

Votre vie vous permet-elle d’avoir un chien?

Je suis d’avis que, pour un enfant, grandir avec un chien comme compagnon est merveilleux, lorsque le milieu est sécuritaire et encadré. Cela lui permet de développer son sens des responsabilités, sa compassion envers les animaux et il en gardera de bons souvenirs pour toute sa vie.

Ceci étant dit, nouveau chiot et jeune poupon font rarement bon ménage. Vous êtes enceinte ou prévoyez le devenir sous peu? Ce n’est probablement pas le bon moment pour adopter un jeune chiot. En effet, un chiot demande énormément de temps, d’implication et de surveillance. Les nouveaux parents manquent souvent de temps et sont en pleine adaptation à leurs nouvelles responsabilités. Dans le meilleur des mondes, je conseille aux jeunes parents d’attendre au moins à ce que l’enfant soit assez vieux pour comprendre des consignes simples de sécurité.

Ensuite, il faut penser à la routine. Combien de temps aurez-vous à accorder à Pitou? Vous êtes absent 9 heures par jour, ensuite il faut faire le souper, faire le taxi pour les enfants, faire les devoirs et la routine du dodo? Aurez-vous le temps et l’énergie pour combler les besoins d’exercice physique et mental de votre chien? Prévoyez au minimum une heure par soir pour le faire marcher, lancer la balle, apprendre un nouveau truc, aller en forêt, etc. Un chien qui s’ennuie est un chien qui fera des bêtises dans la maison.

Si vous choisissez un type de chien ayant un fort besoin de dépense énergétique comme les border collie ou les bergers australiens, il faudra encore plus de temps consacré à combler ces besoins. D’où l’importance de s’informer sur les besoins de la race que vous aurez en vue et réfléchir si cela correspond déjà à votre mode de vie.

C’est un engagement qu’il faudra honorer à chaque jour, pas seulement la fin de semaine lorsque vous aurez du temps libre. Votre chien a les mêmes besoins peu importe si vous avez eu une dure journée au travail et que vous n’avez pas le moral ou il vous laissera le savoir avec des comportements désagréables.

Avez-vous déjà eu un chien?

Il faut aussi prendre en compte votre expérience avec les chiens. Si vous êtes encore débutant dans ce domaine, mieux vaut vous faire guider par un professionnel pour choisir un chien relativement facile à élever. Si votre premier chien est un énorme molosse avec d’importants problèmes de comportement, les chances sont que vous n’ayez pas beaucoup de plaisir dans les prochains mois, voire années… Vous pourriez demander au conseiller en adoption de votre SPA qui vous proposera des chiens selon vos attentes et qui ont déjà eu une évaluation comportementale pour éviter les mauvaises surprises. Si vous vous tournez vers un éleveur pour un chiot, il serait intéressant de suivre des cours d’obéissance avec un éducateur.

Il est important d’évaluer quel type de caractère nous avons pour trouver le match parfait. Certains chiens ont besoin d’un maître avec beaucoup d’assurance et de fermeté alors que d’autres seront naturellement plus dociles.

Vous avez probablement tous déjà vu au moins un épisode de César Milan. Bien que je n’utilise pas ses techniques que j’expliquerai dans un prochain article, il faut avouer qu’il est impressionnant de voir le changement d’attitude presqu’immédiat des chiens lorsqu’il tenait la laisse. C’est un bon exemple de l’impact que notre énergie a sur nos chiens. Ils suivront naturellement plus quelqu’un avec un non-verbal et un ton confiant.

Un chien avec un fort caractère comme l’husky sibérien deviendra rapidement incontrôlable avec une personne qui a de la difficulté à s’affirmer et mettre des limites claires au chien.  Vous pourriez alors commencer avec un chien au tempérament plus facile comme un Cavalier King Charles, les bouledogues ou les bassets.

Une réflexion importante à faire

En résumé, la décision d’adopter un chien et le choix de la race n’est pas à prendre à la légère et il est nécessaire de prendre un temps de réflexion avant de se laisser emporter sur le coup d’une émotion ou d’une photo mignonne d’un chiot. Il n’y a aucun chien parfait, mais on peut mettre les chances de notre côté en se posant les questions suivantes :

  • Quelles sont les motivations qui me poussent à adopter?
  • Combien de temps aurais-je à accorder à mon chien?
  • Ai-je fait des recherches sur la race de chien que je veux?
  • Suis-je prêt à avoir un style de vie actif quotidiennement?
  • Quels sont mes projets et ambitions à court et moyen terme?
  • Vivez-vous en appartement, en maison, avec un terrain clôturé, en ville, en campagne?
  • Est-ce que j’ai les moyens financiers pour assurer son bien-être et ses besoins?
  • Est-ce que tous les membres du foyer souhaitent adopter un chien?

Finalement,  les refuges débordent de chiens de tous les âges et formats prêts à l’adoption. Leur personnel qualifié se feront un plaisir de vous guider vers le toutou parfait pour vous. Si vous souhaitez absolument un chiot ou une race précise, allez vers un éleveur éthique qui prendra le temps de vous rencontrer pour s’assurer qu’il n’envoie pas ses chiots à n’importe qui et vous montrera les carnets de santé et son plan de socialisation. Sur ce, je vous souhaite une merveilleuse aventure avec votre nouveau compagnon.

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